Rencontre en terrain neutre...

Un immense voile noir percé de milliers de scintillements avait couvert le ciel du jardin. Dissimulée sous sa longue cape sombre, Kinane termina le tour des lieux allégeant les bourses des inconscients paisiblement endormis et libérant les agonisants de leurs souffrances.

Elle sortit la mince feuille de vélin qu'il lui avait remise quelques heures auparavant. Face à son refus de soumettre son esprit à de nouveaux tourments en se rendant à la nécropole, il lui avait proposé de poursuivre leur conversation dans une auberge tenue par des roublards. Le plan, baigné par la lumière lunaire, avait été soigneusement dessiné. Elle en mémorisa chaque détail, le glissa sous sa cape et s'engouffra dans le château.

Quelques minutes plus tard, elle se tenait devant une porte en bois flanquée d'un écriteau : Inconnus et autres clochards, rentrez ici et présentez vous, on essayera de pas trop vous dépouiller...

De nature méfiante, elle n'appréciait guère se rendre dans des endroits peuplés d'inconnus où elle était susceptible d'être vulnérable. Mais cette guilde de voleurs semblait assez accueillante et il ne l'aurait pas faite venir... quoique... elle ne le connaissait pas après tout et il affichait un sadisme évident. Elle prit une profonde inspiration et poussa la lourde porte. Elle jeta un regard circulaire et découvrit avec soulagement une auberge plutôt calme. Elle se dirigea rapidement au fond de la salle et s'attabla loin des quelques autres occupants. N'ayant aucune patience, elle espérait qu'il arriverait bientôt car elle ne tarderait pas seule ici.

"... Et là il m'dit : "Vaurien, en garde !!" Huk huk huk huk ! Je lui répond ok, dégaine ma lame puis disparait ! Je l'entend encore gueuler à pleins poumons le plumé !!..."

La voix douce du capitaine, réhausée par quelques notes gaies due à la boisson, berçait mon âme en cette heure tardive. Les discutions étaient allée bon train durant toute la soirée et m'avaient rendu bien plus soule que le liquide ingurgité. Las, je me laissais aller au son de sa voix, sombrant peu à peu dans l'inconscience d'un sommeil profond...
Une porte souvrit pour y laisser apparaitre un jeune dragon. Un feu éblouissant jaillit de sa geule pour se déverser dans la salle et m'engloutir tout entière de sa chaleur.

" Rrrrrooawwwww..... Rrrrrooaawwww "

Ce furent là les seuls sons que Nedra pu lacher en guise de bienvenue.

Le rideau qui cache l'arrière salle se soulève et un homme d'une trentaine d'années au teint blafard en ressort l'air passablement agacé par la pagaille de la taverne.

Il faut se qu'il faut. Pense-t-il en serrant ses longes canines. Après tout j'ai appris la mort de l'impératrice infernal bien avant le reste du pays en les côtoyant.

Sont regard se perd dans la salle et tombe tout d’abord sur le capitaine qui divague accompagné de Nedra sombrant dans un coma éthylique. Au vue de ce délabrement le visage du comte prend rapidement la forme du mépris et après avoir poussé un long soupire il entreprend de poursuivre sa marche.

Après avoir tordu à l’extrême les doigts d’un voleur ivre oubliant les usages entre gens de même profession, Saritram aperçoit enfin la jeune elfe.

Pas désagréable à regarder. Dit une petite voix au tréfonds de son être. Encore une fois ça n’était pas dans les habitudes du vampire que de percevoir autre chose que la qualité du sang. Et pourtant le sang immortel des elfes était bien au dessus de celui des autres.

Vexé par son propre écart, Saritram accéléra le pas vers la table Kinane.
Une fois à son niveau, le vampire lui dit :

Viens, il y a trop d’ivrogne dans cette pièce.

Malheureusement pour rejoindre le salon privé il fallait encore une fois traverser la pièce remplis de voleur bien éméchés.

Je vous avertis tas de crevures : le premier qui vient encore jouer au plus malin dans mes poches je lui fait grignoter ses propres doigts.

Prononçât la voix glaciale et bien portante de Saritram à l’attention de l’assemblée maintenant plus silencieuse, les doigts étant assez important pour la profession de pickpocket.

Suis moi, et sois attentive si tu ne veux pas te retrouver nue au bout de la salle.

Kinane regardait discrètement les occupants de l'auberge, elle salua d'un signe de tête un Capitaine et une félys qui lui souhaitèrent la bienvenue à son arrivée. Amusée par le spectacle qu'ils offraient et le récit épique que comptait le Capitaine, elle aperçut soudain le voile d'une arrière salle s'ouvrir pour laisser apparaître le Comte. Elle comprit rapidement qu'il connaissait l'assemblée à qui il jetait un regard méprisant tout en proférant des menaces à ceux qui l'approchaient.

Il lui demanda de le suivre avec son arrogance habituelle, ton qui semblait être une coutume, ou plutôt une loi chez cet homme, mais elle ne dit rien, se leva et le suivit.

Wiss, comme tous les soirs depuis que Turkos l'avait choppé en train de subtiliser une morrue salée, passait son temps à récurer les poils et les casseroles alors que ses amis profitaient joyeusement des tonnelet de vin, qu'un compagnon avait eu la bonne idées de faire dévier de leur trajet initial.

- Je vous avertis tas de crevures : le premier qui vient encore jouer au plus malin dans mes poches je lui fait grignoter ses propres doigts.

Quel étrange parole, en tout cas cela avait eu le mérite de sortir Wiss de sa petite corvée qui devenait saoulante autant que le vin qui remplissait les estomacs de ses camarades ivres morts mais plus dormant que mort quand même. Nedra ronflait d'un ronflement qu'on aurait cru sortit de la tanniere d'un renard plus que du museau de la ravissante félys.
Mais la encore plus étrange que la parole n'était pas moins la scene qui se déroulait devient les yeux de Wiss. Avait-il bien reconnue le Conte Sarytram, vampire à ses heures perdu, se reposant au fond de la cave del 'auberge, qu'un autre individu avait attiré son attention.
En effet, une nouvelle arrivante que Wiss n'avait jusqu'alors jamais croisé était en train de traverser la pièce pour rejoindre le Conte qui dans la cave l'y aurait emmené.

- Hep hep hep, range tes canines l'animal!

Wiss s'était interposé entre le Conte et la nouvelle arrivante une poile à la main pour empecher que l econte hypnotise encore de son regard inquisiteur la pauvre proie qu'il s'apprétait à dévorer.

- Ton regard hypnotique ne fonctionnera pas cette fois si!

Wiss se sentait bien seul sur ce coup, n'avait-il pas réflechit au conséquences d'un tel acte, s'interposer entre un vampire et sa proie, n'était point de bonne augure, surtout que la lune excitait passablement les ardeurs de la créature de minuit.
Au moins espérait-il un coup de main de l'inconnue, qui par pure solidaritée féline avait décider de sauver... encore dans les vappes, aïe cela s'annonçait mal, un rapide cout d'oeil pour jauger qui serait ammème de venir l'aider.
Wiss, dans un coup de folie, tenta le tout pour le tout.

- Et Sarytram! Il y a un bébé veau dans l'écurie, ça te dis pas un petit bébé veau tout chaud? Ecoute-le, il fait meuh-meuh, rien que pour toi, écoute le bien il t'appel...

Laissant sa langue lisser ses canines, Saritram essayait tant bien que mal de se contenir.
Déjà ses longs doigts avait saisit la gorge du félys et ses ongles affûtés presque planté dans sa chaire.

Ce gamin n’en vaut pas la peine. Ce gamin n’en vaut pas la peine.
Ce gamin n’en vaut pas la peine. Ce gamin n’en vaut pas la peine.

Pensa très fort le comte en serrant de plus en plus fort ses dents.

Reste avec donc cette … chose … si tu a peur de moi. Dans ce cas tu n’en vaux pas la peine.

Dit Saritram à l'adresse de Kinane en relâchent son étreinte et disparaissant derrière le rideau qui menait a un petit salon privé qu’il avait fait vidé les dernières minutes.

Le rideau cachait une lourde porte de chêne pour le moment ouverte vers l’intérieur.

Sur le sol des carte de jeux, des traces de luttes, et ainsi que quelques goûtes de sang provenant du nez d’un escamoteur ne voulant pas interrompre sa partie.

Pfff... quel imbécile ! Il avait disparu en la mettant encore une fois au défi. Elle était venue jusqu'ici pour le rencontrer, parce-qu'il avait des choses à lui dire, et lui semblait vouloir jouer à cache-cache. Qu'il y joue avec ses proies mais pas avec moi !!! se dit-elle totalement exaspérée. Elle sentait la colère la submerger mais elle se calma en voyant le félys masser son cou endolori.

Tu n'aurais pas dû intervenir... mais je reconnais ton audace et ton courage et je t'en remercie... il était facile de me croire en danger face à ce... à ce...

Ne trouvant pas ses mots, elle tourna les talons et se dirigea vers le rideau. Celui-ci dissimulait une porte qu'elle tenta vainement d'ouvrir. Elle hésita un instant. Après tout, peut-être l'intervention du félys était-elle justifiée... peut-être le Comte ne recherchait-il que son dîner ? Soit ! Elle frappa à plusieurs reprises contre la lourde porte, si fort qu'une maudite écharde vint s'enfoncer dans sa main. Je vais le tuer !!!

Oh c'est vous ?

Dit le visage de Saritram dans l'interstice de la porte, l'air amusé et d'un ton narquois.

Entre donc ... et installe toi.

Au milieu de la petite pièce quatre siege autour d'une solide table ronde.

Bien ... je ne t'ai pas fait venir ici pour me nourir. Comme tu peu l'imaginer je l'aurai déjà fait si l'envie m'avait traversée l'esprit.

Je t'ai fait venir pour m'entretenir au sujet qui est loin d'être aussi ridicule que les soupesons du félys que tu viens de rencontrer.

Dit il en sortant une bouteille de vin contenant un liquide sombre et rougeâtre, contenant très probablement du sang.

Qu’évoque pour toi le mot … immortalité ?

Prononçât très distinctement Saritram et insistant sur ce dernier mot avant de terminé par :

Un verre ?

Lui dit-il en se servant.

Saritram laissait le liquide rougeâtre composé de vin et de sang glisser entre ses lèvres, répandant l’hémoglobine sur sa langue et finalement tombant jusque dans sa gorge.

Mhh

Se contenta de dire le comte en passant sa langue sur les dernières goûtes de sang qui tachaient ses dents. En fin de compte il était plutôt content que l’elfe ne lui avait pas venté les mérites de l’immortalité. Dans ce cas là … soif de sang ou non il aurait sans ménagement occit la demoiselle.

Cela n’est pas seulement contre nature et …malsain…

Des rumeurs cours sur ton ordre, sans doute fausse, sans doute imaginaire. Mais j’avais besoin d’être certain que vous autre ne jouiez pas avec le feu.

On dit que … vous détenez le secret de l’immortalité.

Dit-il en ricanant doucement.

Quel fantasme pathétique de mortel terrorisé. L’immortalité est bien éloignée d’une récompense.

C’est une damnation sans nom, un supplice éternelle et la pire des tortures imaginables.
Comme je les envie, ces êtres qui un jour accèderont au sommeil éternel.

Toi-même qui es une elfe tu connaîtra la lassitude pour ta longue vie, ma cela n’est rien par rapport à l’éternité, mon éternité.

Saritram prend place sur un de lourd siège de la pièce et pose ses mains contre son menton, le visage concentré sur Kinane.

Bien entendu tu pourrais me mentir, me caché l’existence d’un tel secret. Mais peu importe se que tu veux ou non me cacher, l’important est tu que n’accorde pas à l’immortalité une quelconque bienfaisance.

… ce qui ne semble pas être le cas. Tu peu partir maintenant si tu en à l’envie.

Ou rester … mais je t’avertis je ne suis pas quelqu’un de très bonne compagnie. J’ai tendance à mettre en colère mes invités.

Dit-il en se réservant un verre, souriant en laissant apparaître ses canines.

Kinane regardait cet homme étrange qui la fixait de son regard ivoirin et la mettait au défi une fois encore.

Effectivement, ton mépris et ton arrogance te rendent totalement exaspérant et je devine que les gens préfèrent fuir ta présence insupportable. Cependant, je crains qu'il ne m'en faille un peu plus pour réellement m'irriter.

Et puis... C'est plutôt moi qui ait l'impression de t'ennuyer. Tu sembles t'amuser des gens, rire et jouer de leur idiotie mais n'étant ni féministe ni fascinée par l'immortalité je te déçois peut-être ? Tu aurais probablement apprécié massacrer mes convictions, piétiner mes arguments tout en riant de me voir constater ma propre stupidité. Mais je te rassure, je ne fais que corser le jeu, je suis sujette aux mêmes émois et tourments que mes semblables, il suffit de pointer les bonnes choses et mes failles apparaissent inévitablement.

Se rendant soudainement compte qu'elle exposait elle-même ses faiblesses, elle se tut un instant avant de changer de sujet.

Tu as raison, nombres des rumeurs qui circulent à propos de l'Ordre sont erronées voire entièrement fausses et que je le veuille ou non je masquerai la véracité de certains de ces dires... oui... que je le veuille ou non...

Elle se perdait dans ses pensées et se concentra pour reprendre son discours. Au fond, elle était contente de l'avoir empêché d'abattre ses foudres sur elle. Elle aurait voulu être plus cruelle envers cet homme qui ne cherchait qu'à se jouer d'elle mais les propos qu'il avait tenu quant à sa condition l'avait radoucie.

Je pense que tu ne me répondras pas mais j'ai néanmoins une question à te poser. As-tu toi-même été l'un de ces mortels terrorisés dont tu parles ou n'as-tu pas choisi ta funeste destinée ?

Laissant les paroles de Kinane résonner dans le crâne du vampire, un silence de réflexion s’installa.

S’interrogant, le comte se demandais si l’elfe avait la valeur d’écouter son histoire … ou du moins des parties. Après tout remuer la dague dans la plaie béante de ses douloureux souvenirs n’était pas très agréable.

Mais la jeune fille en valait la peine, plusieurs fois elle l’avait étonné dans ses propos. En réalité, mais loin de lui l’idée de se l’avouer, elle lui ressemblait étonnement et était d’une ouverture d’esprit surprenante.

Oui. Dit simplement le vampire ne regardant que la robe du vin sanglant qu’il portait dans un verre au niveau de ses yeux.

Oui moi-même j’ai été un mortel il y a longtemps. Le destin à voulu faire de moi se que je suis aujourd’hui … m’enlevant ma femme et mon fils. Aujourd’hui je n’en souffre plus … ou presque plus.

Si j’ai choisis cette route ? Certain pourrai peut être affirmé que oui, moi je n’en sais trop rien. Ma femme m’a été enlevée par une prêtresse, quand à mon fils … c’est moi qui l’ai tué.

Et me voici maintenant traîné à cette non vie pour l’éternité … abordant pour toujours les méfaits de l’immortalité. Je ne regret pas ce que j’ai fait à mon fils … c’était écris et rien même m’a volonté n’a pu empêcher ça.

Aujourd’hui je suis prisonnier du temps et de ce monde ingrat, cruel.

Je juge les mortel c’est vrai … et peut être ai-je même tord. Mais les événements m’ont changé et aujourd’hui j’ai dépassé ces insectes.

Se retournant alors vers l’elfe comme pour ponctuer cette phrase.

Tu dois t’en rendre compte Kinane, peu on de la valeur en ces terres. Toi, jeune elfe, tu en a, sinon je ne t’aurais même pas adressé la parole.

Ce monde est vide …

Soudain la main qui portait le verre du vin lâcha sa prise et ses yeux se baissèrent pour se fermer.

Comme pris par un malaise soudain, le comte s’assit, portant sa main à son visage pour masquer ses yeux clos.

Le hasard avait voulu, qu’une fois encore, l’âme du vampire se manifesta de manière incontrôlable. Derrière sa main ses traits redevenaient humains et le comte perdait un peu de sa laideur cadavérique. Ses mains redevinrent des mains et non plus des armes et même sa peau repris un peu de couleur.

Arrivant dans ce corps décharné, Harold ne savait que trop penser. Il était face à cette jeune fille et pourtant au fond de lui il sentait que Saritram ne lui voulait pas de mal.

Chose étrange voir même unique pour le vampire. L’âme torturé ne comprenait pas vraiment, même si elle suivait silencieusement et impuissantes les actes du corps, elle ne comprenait pas pourquoi face à cette femme, Saritram était devenu presque humain.

Kinane , dites moi en plus sur vous.

Cela ne pouvait être seulement de la gratitude pour ce vote. Ni du respect qu'il témoignait envers certain.

Etonnée qu'il lui réponde, elle avait écouté son terrible récit sans l'interrompre. Lors de leur première rencontre, elle avait immédiatement senti le poids de sa souffrance et deviné la survenance de tels évènements dans son existence. La noirceur d'une âme a toujours une origine.

Il avait glissé quelques compliments à son endroit et elle essayait maladroitement de dissimuler son trouble. Qui était donc cet homme ? Comment interpréter ses paroles ? A coup sûr, il se fichait d'elle. Mais pourtant, et même si elle repoussait cette impression, elle avait accueilli ses paroles non sans un certain plaisir.

Et puis... quelque chose changeait chez lui. Ce changement était à la fois effrayant et rassurant. Après un léger malaise, ses traits s'étaient doucement détendus et son teint avait pris de la couleur. Son visage paraissait plus paisible, moins torturé et ses yeux laiteux avaient laissé place à un regard opalin. Sans comprendre ce changement, elle se dit qu'il devait être bel homme avant, avant tout ça... mais elle chassa aussitôt cette pensée en se maudissant pour ces considérations ridicules.

Elle restait néanmoins intriguée et aurait voulu lui demander si ça allait mais mieux valait garder le silence. Il voulait qu'elle lui parle d'elle... elle détestait parler d'elle. Que raconter ? Comment évoquer la fange qui couvrait son destin ? Elle devait faire un effort, lui avait eu la décence de lui répondre.

Ma vie n'a rien d'intéressant. Aucun évènement heureux n'a jamais dardé mes jours de ses rayons lumineux, aucun objectif ne guide mes pas. Je n'ai pas choisi ce que je suis aujourd'hui et je ne déciderai rien pour les jours à venir.

Hésitante, elle posa son regard sur Saritram. Elle n'avait jamais raconté à qui que ce soit son histoire ne donnant que des réponses élusives aux questions la concernant. Elle soupira longuement et jeta un regard autour d'elle pour s'assurer de leur intimité. Elle était mal à l'aise, ses mains étaient moites. Elle ne supportait pas penser au passé et s'évertuait chaque jour à éviter la torture de ces plongeons douloureux. Elle prit la parole d’une voix à peine audible alors que ses yeux se perdaient dans les tâches pourpres du liquide répandu sur le sol.

J'étudiais la médecine. J'étais passionnée. D'innombrables rêves peuplaient mon esprit. A cette époque, je pensais qu'étudier me permettrait de libérer ce monde de ses maux injustes. Bien sûr, je me suis rapidement heurtée aux limites de notre médecine rudimentaire mais je continuais longtemps à fuir la vérité. Lorsqu'enfin j'acceptai mon impuissance, je plongeai dans une profonde déprime et mis un terme à mes recherches.

Je crus que la vie me souriait à nouveau lorsque je fis la rencontre de membres d'un cercle qui m'initièrent à des sciences… disons plus obscures, moins conformistes. L'espoir naquit en moi une fois encore, prise d’un enthousiasme fou, je jouais avec les frontières. Mais cette douce euphorie me quitta doucement quand, insidieusement, s'immisçait en moi le poids de mes sacrifices.

Le comble de la désillusion fut atteint en devenant, malgré moi, Gardienne de l'ordre. Nomination obscure et rituels sanglants... Nous portons bien notre nom... dit-elle avec un sourire amer.

Depuis ce jour, coule dans mes veines le sang le plus impur... oui... se mêle à mon sang une essence aux effets délétères... poison insidieux dont la parole est le seul détonateur. Ce n'est pas moi la Gardienne. C'est lui.

Soulagée d’avoir achevé son récit, elle posa à nouveau son regard sur Saritram, attendant sa réaction. Allait-il rire de sa stupide naïveté ? Probablement… et après tout, il aurait peut-être tort de ne guère le faire.

Au moment ou Kinane termina son histoire, deux voleurs saouls rentrèrent brutalement dans la salle, se battant visiblement pour une histoire de gopis.

Saritram se leva malgré son faible état et empoigna l’un des deux pour le lancer dans la foule de curieux éparpillé autour de la porte de la pièce.

Ses trait s’étaient durcit et son âme pensait déjà qu’inévitablement il perdrait le contrôle.

Le second voleur ivre ne se fit pas privé et il lui suffit de voir les canines serrée de Saritram pour sortir de la pièce en chancelant.
Une fois le calme revenus et les derniers curieux évacués et la porte à nouveau fermé, le vampire posa son regarde de prédateur sur la jeune femme.

Il la dévisagea et sentait que la soif du sang revenait en lui plus fort que jamais. Mais à l’ instant où il pensait lui sauter dessus, il se figea et une fois encore ses trais s’adoucirent.

Pardon … Je … vous devriez partir.

Non … restez. Dit soudainement le vampire.

Je dois comprendre. Je ne sais pas encore pourquoi mais je ne comprends pas pourquoi Sari ... enfin je ne vous aie pas tué.

Il saisit alors la main de l’elfe de ses deux mains squelettiques.

Est-ce justement pour la même raison que vous ne partez pas ? Vous semblez avoir tant souffert … peut être autant que moi … peut être est-ce cela.

L’âme de Saritram cependant avait fait son temps et cette fois ci elle disparu complètement du corps du vampire, laissant place une fois encore au désagréable personnage. Celui-ci lâcha la main de l’elfe et visiblement un peu paniqué par ses propres sentiments lui dit :

Je ne sais trop pourquoi je ne vous ai pas encore prit votre sang elfe … et finalement cela n’a que peu d’importance.

Ce qui m’étonne plus c’est votre persistance à vouloir continuer une tel vie de souffrance … vous qui avez la chance de pourvoir terminer cette vie comme tout les mortel, pourquoi ne pas la prendre ? Vous avez donc quelque chose qui vous retiens tant sur ces âpres terres ? Soit vous êtes idiote. …soi vous êtes courageuse.

Dit-il alors même si au fond de lui s’était tout autre chose qui le démangeait … cet elfe au destin tragique éveillait en lui de la compassion.

D’ordinaire, elle n’acceptait aucune promiscuité et n’approchait les gens que pour les détrousser. Mais elle l’avait laissé faire. Elle avait laissé ses mains entre celles du Comte… entre ses mains effroyablement glacées. Ce contact mêlé à la vision de cet homme luttant contre lui-même la submergea de tristesse. Elle avait presque cru sentir quelques minces filaments de chaleur tenter vainement de fendre la glace à l’intérieur de ses doigts.

Suis-moi.

Elle disparut derrière le rideau et traversa la taverne d’un pas rapide sans se retourner.